Comment Ultrasoft est arrivée en prison

Une fois sa maturité en poche, Reto Bitschnau, fondateur et CEO d’Ultrasoft pendant des années, commence sa carrière professionnelle auprès de la Banque populaire suisse, où il suit une formation interne de programmateur. L’EPFZ étant au début des années 1980 la seule possibilité de se former en informatique, il commence en 1984 des études en informatique de gestion et obtient plusieurs diplômes dans le domaine. « En 1986, un collègue me demanda si je voulais réaliser avec lui un mandat pour le Département fédéral de justice et police (DFJP). Et pour accepter ce mandat, il nous fallait créer notre propre entreprise : c’est ainsi qu’est née Ultrasoft AG », explique Reto Bitschnau. Le projet du DFJP, qui comprend la création du Registre central des étrangers, s’étend sur trois ans et demi, jusqu’en 1989.

« Nous avions créé dans l’urgence une solution Service clients pour l’hôtellerie. Ce logiciel avait éveillé l’intérêt de la Police cantonale bernoise qui nous demanda s’il serait possible de l’utiliser dans les prisons également. Aussitôt dit, aussitôt fait : nous avons baptisé notre logiciel pour l’hôtellerie Hugo et notre solution pour les prisons Gina », se souvient Reto Bitschnau. Son collègue, qui a décidé de rester au DFJP, quitte Ultrasoft.

Gina était née

C’est ainsi que Reto Bitschnau conçoit la première version de Gina en 1989. Les établissements pénitentiaires fribourgeois viennent rapidement s’ajouter à la prison de Berne, et le logiciel devient bilingue. Avec Gina, Ultrasoft gagne chaque année un ou deux cantons et plus ou moins autant de collaborateur.trice.s. Au milieu des années 1990, l’équipe d’Ultrasoft compte ainsi quatre personnes, dont deux prestataires externes. « Le monde de l’exécution des peines est fascinant. C’est un univers en soi, fermé sur lui-même, qui doit fonctionner », explique Reto Bitschnau.

En 1994, Ultrasoft introduit la deuxième version de Gina, une version pluriinstitutionnelle fondée sur Windows. Dès lors, le canton de Berne se sert de cette application pour organiser non seulement sa prison préventive, mais aussi les établissements pénitentiaires régionaux de Bienne, Berthoud, Thoune et Moutier. En 2000, Ultrasoft lance la version 3 de Gina et abandonne Hugo, son logiciel pour l’hôtellerie. Elle compte alors six collaborateurs et collaboratrices. Elle lance une solution en ligne en 2013.

En 2017, Ultrasoft remporte l’appel d’offre OMC du canton de Berne pour les logiciels d’établissements pénitentiaires, ce qui lui amène des clients supplémentaires d’autres cantons. La nouvelle mise à jour qui intervient en 2020 dote Gina d’une interface utilisateur dernier cri. L’entreprise s’agrandit lentement, mais constamment. Seize cantons utilisent alors le logiciel Gina et Ultrasoft emploie 20 personnes. « J’ai toujours été à l’écoute de ma clientèle, pour développer Gina en fonction de ses besoins. Ce logiciel est le joyau de notre entreprise », précise Reto Bitschnau.

En 2022, Ultrasoft entre dans GLAUX GROUP  et au printemps 2023 Pascal Zwettler remplace Reto Bitschnau comme CEO. La même année, l'entreprise quitte son site de Zollikofen pour la Steigerhubelstrasse, à Berne.